Et ca ne peut pas être surpassé.
Comme des souvenirs décomposés par le froid,
Des transmissions résonnant au-loin,
Loin de notre monde à toi et moi.
Où les océans saignent dans le ciel.

Êtes-vous certains de vouloir croire à tout prix que rien n'est parfait ? Savez-vous alors, dans quel camp vous vous trouvez, réellement ? Finalement, avez-vous le choix ? Ou n'est-ce qu'une illusion ? Ne vous attendez pas à quelque chose de bien. Préparez-vous à la décéption, et si vous commencez à sentir une acide satisfaction vous envahir, ne pensez plus. Ne cherchez plus. Vous êtes déjà morts.

Infaillible. Mais pas si puissante que celà puisse paraître. Je me couchais, au pied d'un vieil arbre, marqué par le temps. L'odeur de la terre gonflait mes poumons, je semblais avoir été prise d'une étrange sensation de bien-être. Celà aurait été merveilleux, de se sentir bien. Si bien, qu'on pourrait oublier la faim qui nous ronge, de l'intérieur. Et je pensais, à toutes ces merveilles, qui, la plupart étaient finalement désirées de tous. Du moins, tous ceux qui pouvaient se trouver dans un état pitoyable, ceux qui n'arrivaient pas à trouver le bonheur, ceux qui étaient obligés de le rêver pour pouvoir à peine, le toucher, essayer sans relêche de le saisir. Mais il suffisait d'ouvrir les yeux, pour que ce rêve s'envole, pour que l'éspoir prenne place, et pour que l'envie d'agir devienne encore plus forte.

Et je souriais, d'un air victorieux et à la fois très las. Je me levais, comme si mon corps ne m'obéissez plus, et, le museau éffleurant le sol verdoyant, je commençais à faire de souples rondes, me mettant à l'affut du moindre bruit, de la moindre odeur, du moindre geste. Et puis, quand enfin la chance semblait vouloir me sourire, quand un petit lapin blanc se perdait avec fragilité sur mon chemin, quand j'allais enfin pouvoir nourrir se chétif corps qui se trouvait être le mien, celui-ci s'envola, comme un lointain souvenir. J'essayais de l'attraper, mais celui-ci allait bien plus vite. Alors j'abandonnais, faisant vibrer mon poitrail et laissais s'échapper de ma gorge, un bruit sourd qui éclata comme un orage. Etrangement, mon poil était hérissé à son plus haut degré, et je ne semblais rien pouvoir faire pour y remédier.

Ce lapin ne m'avait pas remarqué, et n'avait même pas capté mon odeur. C'était bien autre chose, qui l'avait fait fuir. Et il se trouvait, qu'elle était encore là, à rôder dans le coin. Une forte odeur commençait à m'attaquer le museau. C'était l'odeur, que le gibier avait sentit. Désormais, tout devenait plus clair. Il était de retour.

Mon regard se plaquait sur lui d'un air inquisiteur. Il n'y avait aucun mot d'assez puissant pour le qualifier. Il s'avancait, et je ne bougeais toujours pas. Sharpe Buck. Qu'allait-il me faire endurer, cette fois ? Mes muscles se crispèrent, mais je ne laissais rien paraître. À mon tour, je m'avançais, vers lui, essayant de lire à travers ce regard vitreux. J'exhalais, appréciant cet étrange silence, et ce vide si chargé, qu'on pouvait entendre s'éléctriser nos coeurs. Impossible. Il m'était impossible de le cerner. La tête haute, le regard toujours accroché, je m'asseyais. Il est vrai que, je ne m'étais jamais vraiment comportée comme une pûr dominante, envers lui. Et bien malgré lui, je nous voyais presque comme égaux. Il n'était pas soumis. Et moi non plus. Alors, qui étions-nous ? Les loups ignoraient beaucoup sur nous. Ils nous méprisaient sans même nous laisser le temps, le temps de faire nos preuves. De leur prouver que, parfois, nous aussi on pouvait l'être, aussi cruels qu'eux. De ce fait il était normal que les chiens les méprisaient aussi. La rage engendre la rage. Et, la haine nait de la ressemblance. Mais, je me retrouvais impuissante. Toujours, et encore.

Un petit grognement m'échappait, sortant de toutes ces pensées engendrées par la simple vue de l'Alpha. Alors, je lui adressais un bref signe de tête. Un air grave trônait sur mon visage, sans que je ne m'en aperçoive forcément. Je pouvais remarquer le poil encore hérissé du loup. Quelqu'un qui le voyait pour la première fois, se demanderait d'abord " Que s'est-il passé ? " à son sujet. Mais quelqu'un qui a passé assez de temps avec lui, ne se pose plus ce genre de questions. Jamais je ne pourrais oublier son tempérament de feu. Oh, non, jamais. Je secouais d'un geste vif ma lourde tête, comme pour imposer un grand 'bref'. Et mon regard commençait à l'interroger de sa venue ici, sur nos terres.

Sharpe Buck a écrit:

“ On ne peut pas tout avoir.„

l'impuissance rend faible. la faiblesse rend haineux. la haine est enivrante, à condition de ne pas se laisser soûler à mort.

Brusquement, le grand mâle cendré, surpris dans un de ses rares moments où il se laissait aller à la faiblesse, se rendit compte de la présence de la dominante du parti adverse. Oui, Buck évitait d’utiliser le mot « clan » car les clans, ici, il n’y en avait pas. Les chiens ne méritaient seulement pas qu’on se permette de les monter au même niveau que leurs supérieurs loups par le fait d’un clan. Un clan, même opposé, reflète une certaine ressemblance. Or, les loups sont aussi organisés que les chiens sont anarchiques, les loups sont aussi intelligents et courageux que les chiens sont idiots et lâches. Enfin, les loups viennent de la forêt, y vivent depuis des générations, des centaines d’années et leur manière de vivre – qui peut paraître cruelle – n’est pas adapté à ces touffes de poils destinées à rester vautrées tranquillement sur un tapis de salon. Les loups sont dénués de pitié, ce qui leur permet de survivre tandis que les chiens se laissent aller à leurs sentiments faiblards que sont la pitié et la compassion. Dans l’image qui se tenait devant lui, dans Elite, le mâle cendré voyait surtout son espèce, et rien d’autre. Il voyait se refléter l’image pure et dure du chien portant des yeux adorateurs sur son dieu, sur son Bipède qui lui dictait sa conduite. Buck la regarda calmement. Il se sentait ici comme chez lui, et il ne craignait pas une troupe de chiens à l’affût du moindre intrus. Il se redressa, parfaitement digne, et les poils de son échine retombèrent lentement en place. Il se pourlécha les babines d’un air malin, voir même sournois.

Ses yeux d’une couleur grise acier, figés dans ceux plus bruns de la jeune dominante, il ne prit pas immédiatement la parole. Il déglutit lentement. Oui, il voyait toujours cette image des Bipèdes en elle, toujours cette image de chiens lâches et sans cervelles qui s’escrimaient à servir leur dieu. Mais cette image était plus ténue qu’au début où il l’avait connue. Comme si Elite se faisait de plus en plus au milieu sauvage. Elle avait prit en assurance, en force et impressionnait plus Buck que lors de sa première rencontre, où elle lui avait semblée chétive, peu sûre d’elle. Elle avait, en fin de compte, une allure presque convenable – ou du moins, moins pire que les autres – une allure de meneuse, peut-être même. Mais ça, Sharpe Buck aurait sans doute préféré mourir plutôt que de lui dire. Oui, puisque nous sommes dans les confidences, il aimait bien Elite, au fond. Mais voilà, l’idée de seulement parler d’égal à égal avec un chien le répugnait, l’horrifiait. Oui. Il ne tenait pas à s’abaisser aussi bas. Et encore, ce qui avait valut aussi peu d’agressivité auprès d’Elite lors des premiers jours, c’était encore son grade. Oui, Buck était superficiel. Et alors ? Un petit sourire narquois, propre à tout chien à qui il se donnait la peine d’adresser la parole, se peignit sur son visage, annonciateur de sa prise de parole imminente.

SHARPE « Bonjour, Élite. Décidément, je vois que nous n'arrivons pas à nous quitter ! »

BY ACCIDENTALE